Trump est-il fou ?

Une analyse à contre-courant de la stratégie américaine

Question simpliste pour une réalité complexe

Qualifier Donald Trump de « fou » est devenu un réflexe quasi pavlovien. C’est une manière facile d’éviter d’entrer dans les détails d’une stratégie beaucoup plus construite qu’il n’y paraît. Et si, derrière le chaos apparent, se cachait une logique politique, économique… et géopolitique assumée ?

Trump contre le multilatéralisme

Ce que Donald Trump rejette, c’est le cadre multilatéral, symbolisé par l’OMC. Il privilégie des relations bilatérales, où les États-Unis peuvent imposer leur puissance.

Il impose ainsi des droits de douane ciblés, non pas pour nuire à ses partenaires, mais pour parler directement à son électorat, celui des laissés-pour-compte de la mondialisation (délocalisations, précarisation, stagnation des salaires).

Les multinationales dans le viseur : Nike, Apple et les autres

Trump s’en prend à un système dans lequel des entreprises comme Nike ou Apple produisent à très bas coût (par exemple au Vietnam), vendent à prix fort en Occident, et optimisent fiscalement leurs bénéfices.

Il entend briser ce cercle, durcir les conditions d’importation, rompre les traités commerciaux… et restaurer une souveraineté économique américaine.

La guerre commerciale avec la Chine : une logique d’escalade

Exemple concret : les taxes imposées à la Chine. En retour, Pékin taxe à son tour les produits américains à hauteur de 34 %. Trump menace alors d’aller jusqu’à 104 %.

Mais cette montée des tensions n’est pas gratuite : elle répond à des impératifs électoraux, budgétaires… et stratégiques.

DOGE et Musk : fin du soft power ?

Il faut aussi parler du Département de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE), dirigé par Elon Musk. Son action vise à réduire drastiquement l’administration fédérale et supprimer les grandes agences d’aide internationale comme USAID.

Un message fort : le soft power tel qu’on l’a connu est terminé. L’Amérique n’est plus là pour séduire, mais pour imposer.

Dette, dollar, pétrole : une stratégie économique bien huilée

Depuis le 20 janvier :

  • Le taux à 10 ans est passé de 4,80 % à 4 % (-17 %),
  • Le dollar s’est affaibli face à l’euro (+7,3 %),
  • Le pétrole a chuté de 80 à 60 dollars (-25 %).

Ces tendances ont un objectif :

  • Favoriser les exportations américaines,
  • Lutter contre l’inflation,
  • Réduire le coût du refinancement de la dette.

Un précédent historique : Nixon et la fin des accords de Bretton Woods

En 1971, le Président Nixon a mis fin aux accords de Bretton Woods avec une brutalité comparable, retirant le dollar de l’étalon-or. Cela a bouleversé le système monétaire mondial.

À l’époque, pas de chaînes d’info continue ni de réseaux sociaux pour amplifier le choc. Mais l’acte était tout aussi radical.

La lucidité du Général de Gaulle face aux intérêts américains

Un rappel nécessaire : les États-Unis n’agissent jamais par altruisme. Leur entrée dans les deux guerres mondiales ne visait pas à « sauver » les Européens, mais à empêcher une Europe tombant sous influence russe.

Le Général de Gaulle l’avait parfaitement compris. Son indépendance de jugement reste plus que jamais d’actualité.

Conclusion : une stratégie brutale, mais cohérente

Trump n’est pas un électron libre sans plan. Il applique une stratégie dure, clivante, mais pensée. Ce n’est pas de la folie. C’est du calcul. Et s’il choque, c’est parce qu’il agit là où d’autres préfèrent rester dans le consensus mou.

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